Ou la première étape vraiment compliquée
Contexte
Le trajet du jour devait nous amener de Matamata, où nous avons campé dans un Holiday Park équipé de bains chauds, à Rotorua, ville touristique connue pour son thermalisme et la présence du plus grand Jeyser en activité de la planète. Le topo comprenait 82 kilomètres de route, répartis entre ~5km de State Highway, 60kms de petites routes (équivalent de départementales disons) et 15kms d’une partie inconnue. En effet, nous avions choisi d’éviter de prendre la State Highway 5 sur près de 20 kilomètres et avons opté pour une petite route apparaissant sur Google Maps, Maps.me et ma carte Michelin.
Malheureusement, si cette route semblaient être présente sur trop de supports d’information différentes nous n’avions aucune idée de son état ou des possibilités qu’elle nous offrait. Nous savions par contre qu’elle permettait de passer par un point d’intérêt, les Blue Springs (sources bleues NDLR).
Un petit paradis
Après une mise en route tranquille vers 9h et une première trentaine de kilomètres vite engrangés, la chaleur commence à monter tranquillement. Nous trouvons étonnamment facilement notre chemin malgré bon nombre de circonvolutions pour éviter les States Higway qui aurait fait pâlir de frustration des gens pressés. Nous avançons suffisamment pour envisager de déjeuner directement au Blue Springs, qui figure sur notre trajet aux alentours du 50ème kilomètre.
Une fois quitté le morceau de State Highway inévitable, nous voilà sur la Leslie Road à suivre les panneaux indiquant lesdites sources. L’accès au site des sources proprement dites demande de quitter la route et de marcher quelques centaines de mètres sur un sentier touristique. Pas de problèmes au départ, sauf qu’aucun sas permettant de faire passer des vélos n’est prévu, malgré que l’accès leur soit autorisé (un grand classique dans le pays). Nous décidons donc de décharger, passer les vélos par dessus, recharger. Et ça deux fois puisqu’évidemment, une barrière ne suffit pas.
Mais sitôt arrivés, nous constatons que l’endroit valait le petit effort. L’eau est magnifique, presque translucide. Le paysage tend vers l’enchantement. Nous sommes encore au nord donc quelques palmiers et de nombreuses fougères partagent le décor avec des feuillus.
Nous restons donc un petit moment à profiter de l’endroit, en nous rassurant sur le fait que malgré que l’heure tourne, nous avions largement réalisé la moitié du trajet.
La Leslie Road, la suite
Ce n’est qu’une fois repartis dans un dénivelé assez rude et la digestion faisant son effet que nous commençons tranquillement à déchanter. Intérieurement, je m’interroge toujours sur ce qu’on va trouver comme type de route, sachant que le départ de la Leslie Road était affublé d’un beau qualificatif de NO EXIT. Je suis confiant, faut croire. Dans nos plans, nous devions suivre la Leslie Road jusqu’à son terme qui nous ferait arriver sur la Cecil Road, débouchant elle-même sur quelques villages et nous permettant de raccrocher de plus grands axes vers Rotorua.
Sauf qu’une fois bien avancés sur la Leslie Road, nous arrivons à l’entrée d’un domaine forestier. Entrée garnie de quelques panneaux du type “Route non maintenue, vous l’empruntez à vos risques et périls”, ou “Seules les personnes munis d’un permis sont autorisés à traverser”. Bien évidemment nous regardons les panneaux, haussons les épaules et continuons (bon ok pas tout à fait). On repart, puis arrivons quelques temps plus loin à un embranchement. Je préconise de suivre les traces de pneus les plus fraîches, qui nous font dévier, plutôt que de poursuivre tout droit. Nous progressons comme nous pouvons sur une route dont la qualité se dégrade (sentier de sable et de graviers mêlés) et nous prenons en prime, la première pluie de notre séjour.
Le forestier à la rescousse
Quelques kilomètres de plus dans notre musette, et nous arrivons à la hauteur d’une parcelle de pin en cours d’exploitation. Là, un forestier travaillant nous voit arriver, rentre dans son pick-up et le met en travers de notre chemin. Il sort, et me demande où nous allons. Évidemment lorsque je lui réponds Rotorua, il commence à nous indiquer de faire demi-tour car il n’y a que le bush qui nous attend si nous poursuivons. Il nous confirme que si nous souhaitons poursuivre sur la Leslie Road, il fallait prendre en face à ’embranchement. Bon ben, nous voilà reparti. Toujours sous la pluie. Au-delà de l’impression de retour en arrière, c’est aussi la fatigue des jours accumulés et le terrain désagréable qui commencent à nous démoraliser.
Mais où est la Cecil Road ?
Notre espoir maintenant est de rejoindre rapidement la Cecil Road, qui doit nous permettre de sortir de la forêt. Les successions de montée/descente de quelques mêtres de dénivelés sur une route au revêtement pas vraiment adapté à la taille de nos pneus nous fait lâcher des insultes, et poser le pied à terre fréquemment. Nous commençons à pousser les vélos à pied dans chaque montée trop forte. Et nous voyons l’heure tourner, en sachant que les réceptions de camping ferment fréquemment vers 20h/20h30.
Arrivés vers 18h, nous sommes sérieusement démoralisés. Heureusement, un embranchement quelques minutes plus loin ressemble fortement à celui que nous attendions. Seul bémol, sur les 3 directions proposées, celle qui semble la mieux correspondre à la Cecil Road demande de commencer par traverser un fossé puis de zigzaguer entre plusieurs jeunes arbres abattus sur le chemin. Il ne semble pas non plus trop entretenus. Bref, nous le tentons tout de même ! Et bien nous en a pris, car après quelques kilomètres d’un sentier sableux, encore humides et visiblement abandonnés, nous apercevons la sortie de la forêt. Nous tombons aussi nez-à-nez avec 3 tranchées successives de 2/3 mètres de profondeur, que je décide de contourner à pied pour aller vérifier la route plus loin.
Plus loin, nous croisons un cimetière de chèvres mortes visibement abandonnées là par maladie, un terrain également visiblement adoptés par des jeunes en mal d’alcool vu le nombre de résidus de bouteilles, ainsi qu’un panneau routier indiquant la fermeture de la route criblée de plomb. Paysage accueillant, mais qui nous confirme que nous sortons du bon côté !
Epilogue, descente vers Rotorua
La fin de l’étape, elle, sera plus facile puisque nous suivrons une longue descente vers Rotorua , avant quelques kilomètres finaux un peu rudes et qui semblent interminables. Arrivés au holiday park visés, la réception est fermée mais les emplacement disponibles sont listés et accompagnés d’un plan du camping. Ce qui nous permet de nous installer et de profiter d’une bonne nuit de repos, après un repas dans un fast-food dont nous tairons le nom mais dont la simplicité d’accès vu l’horaire nous aura fait craquer !