La tête aux voyages

Le règne du campervan

L’image qu’on se fait de la Nouvelle-Zélande est souvent celle d’un pays aux paysages sublimes et à la nature préservée. Un pays où il serait encore possible de se retrouver coupé du monde et de profiter d’endroits sublimes en toute quiétude.

Mais ça, c’est sans compter sur la fièvre des aménagement touristiques qui a saisi le pays dans les 30 dernières années !

Ajoutez à cela une habitude très anglo-saxonne du véhicule récréationnel (RV pour les intimes), une absence de réseau routier secondaire et une définition toute personnelle du “freedom camping” et vous obtiendrez un sentiment assez désagréable d’ompniprésence des campervans.

Mais qu’est-ce qu’un campervan ?

Un campervan est un véhicule motorisé pouvant accueillir de 2 à 8 personnes et permettant de dormir en autonomie grâce à différents systèmes de couchages intégrés. On peut distinguer deux types de campervans. Les self-contained et les non self-contained.

Self-contained ?

Les self-contained, appelation correspondant à l’obtention d’une certification pour le véhicule, ont comme particularités de contenir des réservoirs d’eau claire et d’eau grise d’un certain volume, ainsi que d’offrir la capacité à leurs occupants d’accèder à des toilettes même lorsque les couchages sont dépliés. Nombre d’entre eux sont loués par les touristes auprès de compagnies de location spécialisées. Au cours de notre voyage, nous en avons recensé un certain nombre:

Et probablement beaucoup d’autres qu’on oublie. Ces sociétés semblent posséder de flottes aussi larges que celle du roi Philippe II d’Espagne (une armada donc), vu le nombre de ceux-ci.

Les non self-contained sont des véhicules (souvent plus petits) tenant plus du break adapté pour supporter des couchages, que du Van. Certains possesseurs de van non self-contained couchent même plutôt dans des tentes que dans leur véhicule. On peut malgré tout y retrouver une forme de cuisinière, des réservoirs d’eau, des armoires et des rangements et généralement un habitacle complètement revisité par rapport à un véhicule classique.

Tu sembles un peu gêné ?

Ce qui me dérange le plus, c’est l’omniprésence de cette solution de déplacement et de tourisme dans le pays. Il est impossible de s’arrêter à un point de vue 10 minutes sans se retrouver entouré par 2 ou 3 (ou plus) d’entre eux. Sans que les gens soient particulièrement désagréables, ne retrouver que des campervans dans les campsites de la DOC, les Holiday Park et tout autre camping possible, ajouté au fait que 2 véhicules sur 3 que nous croisions en soit un (sur la côte Ouest de l’île du Sud en particulier), nous amène personnellement à réfléchir à la cohérence de ce type de tourisme. Les road-trips ont un côté grisant, mais les road-trips tout conforts au milieu de plein d’autres personnes faisant comme toi, avec possibilité de changer de plan quand tu le souhaites, tout en te basant sur une énergie polluante et non-renouvelable ont quelque chose… d’interpellant.

Et ce freedom camping alors ?

Là où la notion de freedom camping est étrange en Nouvelle-Zélande, c’est qu’elle repose sur des sites mis à disposition par des municipalités (souvent) et des propriétaires terriens (parfois) où sont montés des toilettes accompagnés souvent d’un point d’eau. Le point gênant est que les terrains choisis sont très souvent de simple parkings ou des terrains de gravier, où il est impossible de poser une tente correctement. Souvent même, ces zones de freedom camping ne sont ouverts qu’aux véhicules self-contained. Autrement dit, les voyageurs à pied ou à vélo (comprendre, qui ne s’auto-contiennent pas) ne sont pas toujours les bienvenus. Et là, la logique du truc nous dépasse un peu ! Mettre à disposition des emplacements pour passer la nuit plus des équipements de base aux gens qui en sont déjà équipés, ça parait idiot à première vue. Et à mieux y regarder, nous n’avons toujours pas compris.

La conclusion en tout cas est que, si votre budget le permet et en outre-passant tout considération d’ordre écologique, la Nouvelle-Zélande est pleinement adapté à un voyage en campervan. Et que, quitte à s’asseoir sur ses principes et assumer sa position de touriste dans le sens le plus vache-à-lait du terme, il s’agit probablement de la meilleure option. Car côté cyclisme, il y a des choses à redire…