Durant la préparation de notre voyage, nous nous sommes intéressés à l’aspect “cyclabilité” des pays que nous souhaitions visiter, et j’ai donc passé du temps à fouiller le WEB à ce sujet. Les informations et articles concernant la Nouvelle-Zélande que j’ai trouvé sont plutôt du genre à faire froid dans le dos. Automobilistes irrespectueux (insultes, jets d’objets), chauffeurs routiers non habitués aux cyclistes ne faisant pas d’efforts lors des dépassements ainsi qu’un trafic très important, particulièrement sur l’île du Nord, nos lectures nous avaient donné un petit avant-goût du pire.
Alors, enfer ou paradis ?
Après bientôt deux mois de cyclisme intermittent ici, je dirais que ça se fait plutôt bien. La majorité des automobilistes sont respectueux et c’est beaucoup plus facile depuis que nous sommes sur l’île du Sud. Par contre, les infrastructures et les habitudes ici souffrent de sacrés bémols qui auraient de quoi refroidir les moins volontaires d’entre-vous.
Le bon
Il faut le reconnaître, les routes même si elles sont peu nombreuses, sont nickels ! Le bitume est de qualité (plus ou moins roulant et/ou “vibratoires” selon l’endroit) et les nids de poules quasiment inexistants (ou visiblement rapidement comblés). Comme dit précédemment, une large majorité des automobilistes, conducteurs de Vans et chauffeurs routiers s’écartent comme ils le peuvent, et/ou te saluent ou t’encouragent d’un petit geste de la main ou plus ! Certains, retrouvez plus loin, sont allés jusqu’à me dire qu’on était des héros. Faut dire qu’ils nous avaient passés dans la montée des cols de Fox Glacier, et qu’on ne faisait pas les fiers cette journée-là… Les kiwis sont plutôt accueillants de manière générale, ce qui ne gâche rien. Et les paysages, sans tomber dans le Wahouuu à chaque coup de pédale, réservent leurs bonnes surprises chaque jour !
Le mauvais
Une absence de réseau routier secondaire. Cela peut sembler étrange comme remarque, mais lorsque le seul chemin possible entre deux villes consiste en la State Highway X, sans alternative possible, il faut s’attendre à être frolé dans la journée par un certain nombre de véhicules roulant eux, à plus de 100 kilomètres/heure. Les State Highway étant donc d’après leur nom des autoroutes, mais correspondent plutôt à des grosses départementales françaises. L’équivalent du réseau routier secondaire n’existant pas, vous croiserez donc tous les véhicules souhaitant se rendre au même point B que vous ce jour-là. Incluant donc campervans, camions, tracteurs, quads, vaches et moutons inclus !
Certaines routes que nous avons empruntés dont le tracé nous semblent comme étant une évidence ont été bitumés sur le tard. Au hasard Cardrona Crown Range, le col routier le plus haut du pays, une route reliant les deux villes dynamiques de Queenstown et Wanaka, a été bitumée en 2000.
Des comportements violents et dangereux de la part de certains kiwis. On ne parle évidemment pas de la majorité des personnes que nous avons croisé, mais nous avons eu “la chance” d’être insulté à coup de “get off the road” et autres “motherfuckers” que nous ne comprenions pas toujours bien, ainsi que de nous faire tirer dessus au pistolet à billes. Parce que oui, un projectile très petit qui nous atteint dans le dos coup sur coup lorsqu’un véhicule nous dépasse n’est probablement pas un gravier. Ou alors ils ont des graviers qui se comportent étrangement !
Nous avons également un certain nombre de fois posé pied à terre après avoir été serré de trop près par des automobilistes considérant que lorsqu’un véhicule arrive en face alors qu’ils arrivent à la hauteur d’un cycliste, la bonne solution n’est pas de ralentir ou freiner mais bien de serrer au maximum le cycliste. Quitte à le déséquilibrer.
Des pistes cyclables pas vraiment adaptés au cyclotourisme à l’européenne. Un bon nombre des sentiers cyclables que nous avons empruntés lors de notre séjour auraient nécessité un vélo équipé plus proche d’un VTT ou d’un vélo de montagne, que d’un vélo de touring. J’entends par là des pneus plus larges et potentiellement des suspensions avant. Avec ça, tu es confort sur le tracé du Tour Aotearoa que nous avons suivi. Mais tu galères probablement un peu plus sur les longues portions de route. Bref, faut savoir ce qu’on veut !
Une conclusion ?
La meilleure des conclusions c’est que nous n’avons jamais eu de problèmes graves, malgré des jours ou le moral a pu baisser en fonction des rencontres. Donc même pour des novices, si vous avez le coeur un peu accroché pour gérer le dénivelé, je dirais que ça se fait ! Mais de notre avis et de celui de la majorité des cyclo-touristes que nous avons croisé, il faut partir en ayant conscience que chez eux le cyclo-tourisme n’existe pas et que le cyclisme est un sport, pas un moyen de déplacement.