La tête aux voyages

De la préservation de l’environnement

Accès au parc et panneau de prévention d'épendage de 1080

Toutes les personnes s’étant rendus en Nouvelle-Zélande avec du matériel de camping ou assimilé l’auront constatés, le passage par un contrôle de bio-sécurité est obligatoire pour tout matériel de nature et de plein-air à l’entrée dans le pays ! Mais cette situation très parlante n’est qu’un des symptômes visibles de la politique de préservation de l’environnement en place dans le pays.

Mais tout d’abord, évoquons le pourquoi !

Pourquoi une politique de préservation ?

Un affaiblissement de la faune historique

On en parlera dans un autre article, mais il faut savoir qu’une très grande partie de la faune et de la flore du pays est endémique. C’est à dire qu’elle est propre à ce territoire, qu’elle a évoluée à cet endroit et en vase clos, au sein d’écosystèmes stabilisés au cours de centaines de milliers d’années. Le plus notable étant qu’avant l’arrivée de l’homme, aucune espèce de mammifère n’était présente sur les deux îles, à l’exception notable de deux espèces de chauve-souris.

Lorsque les hommes sont arrivés, Maoris comme Pakehas (européens), leurs premières actions ont fortement déséquilibrés ces écosystèmes par l’introduction de nouvelles espèces, la chasse et l’extermination de certaines autres et l’exploitation d’autres encore. Ainsi, les Maoris ont exterminés les Moas au cours de campagnes de chasse annuelles et ce pratiquement dès leur installation dans le pays aux alentours des années 1200. Les kiwis et autres espèces d’oiseaux non volants ont également été chassés intensivement pour leurs plumes et leurs chairs.

Au niveau de la flore, les grands Tauris ont été exploités massivement à l’arrivée des européens. Arbre produisant un bois précieux, des Tauris dont certains étaient âgés de plus de 500 ans ont été débités pour être soit transformés en meubles et en maisons soit envoyés en Angleterre pour nourrir le marché des bois précieux. Le Totara a également été fortement touchés par une exploitation forestière anarchique et non planifiée. Les règles en vigueur ont depuis été largement durcies; et malgré le gain potentiel que cela représente, il est maintenant difficile pour un propriétaire terrien d’obtenir l’accord du conseil régional pour un abatage, même sélectif.

Des introductions malheureuses

Autre fait ayant eu un impact fort, les Pakehas ont amenés avec eux de façon calculée des espèces qu’ils pensaient compatibles avec cet environnement. Les deux exemples les plus connus étant les Opossums d’Australie, importés pour leur fourrure, et les lapins, importés à la fois pour la viande et la fourrure. Problème, ces deux espèces ont su échapper au contrôle de l’homme et coloniser à leur manière ce nouveau territoire qui leur était offert. Les Opossums particulièrement représentent un grand danger car ils se nourrissent de tiges d’arbres très jeunes d’essences endémiques et empêchent donc ces arbres de prospérer. Ils mangent également occasionnellement des œufs. Ce qui est gênant alors que 80% des espèces endémiques sont des espèces d’oiseaux.

Pour rétablir ces introductions malheureuses, l’homme a bien essayé d’introduire en plus des prédateurs de ces deux espèces qui n’en avaient pas sur place. D’où des introductions de furet et de martre, qui ont, pour le furet en tout cas, considéré que les oiseaux constituaient des proies plus faciles que les lapins. Un problème de plus à gérer.

Côté faune, il faut également évoquer les rats, vecteurs en plus de toutes sortes de maladie, les chevreuils et les wapitis, généreusement offert par le président Roosevelt à son homologue Néo-Zélandais et dont la reproduction ont échappé à tout contrôle.

Côté flore, l’exemple le plus flagrant est l’introduction des pins et épicéas pour la foresterie. En effet ces arbres ont un cycle de vie beaucoup plus court, certaines espèces de pins étant exploitables en menuiserie dès 5 ans après leur plantation. Malheureusement, ils ont également amenés avec eux des maladies inconnus à la flore de l’endroit, et des insectes envahisseurs des plus coriaces.

Peu de solutions efficaces

Les dégâts de ces introductions anarchiques ayant finis par être constatées par tous, des solutions ont été tentés.

Contre l’opossum, dont la population estimée avoisine les 70 millions d’individus (plus de 10 fois la population humaine, plus que la population de moutons), c’est le piégeage et l’empoisonnement qui a été mis en œuvre. Lors de notre voyage, nous croisions sur les routes en effet plusieurs cadavres opossum chaque jour, ce qui laisse présumer d’une population très importante. Des voix se sont évidemment élevés contre la nocivité possible de stratégies d’empoisonnement à grande échelle utilisant des produits dont l’introduction dans la chaîne alimentaire peut ne pas être sans causer d’autres types de problèmes (empoisonnement d’autres espèces endémiques, empoisonnement de chiens). Une campagne contre un produit en particulier, le 1080, était en cours lors de notre séjour et nous voyons fréquemment dans les villes et villages que nous traversions des panneaux appelant au bannissement de l’usage de ce produit (je n’ai malheureusement pas de photos…).

Panneau indiquant la présence d’appâts imbibés de 1080, surveillez vos chiens.

Contre les chevreuils, daims et wapitis, c’est la chasse et l’exécution massive au fusil d’assaut depuis des hélicoptères (no kidding) qui est privilégié. Particulièrement dans le parc nationale du Fiordland, ou des associations de particuliers se battent pour essayer de limiter les dégâts que ces espèces provoquent dans le bush endémique.

Une prise de recul salvatrice

Toutes ces mauvaises expériences semblent avoir beaucoup appris au gouvernement et aux habitants du pays en terme de fragilité de leur écosystème et donc nécessité de le protéger. C’est pourquoi le Department of Conservation a été créé, véritable ministère d’état en charge de la préservation au mieux de l’histoire vivante du pays. Nous ne saurons dire si les programmes sont efficaces, ce qui est certain, c’est qu’ils essayent et qu’ils le revendiquent. Nous ne pouvons donc que saluer leurs efforts, même si les moyens déployés méritent d’être débattus.