Manger, c’est motivant
En préparant notre voyage, nous nous sommes réparti les tâches avec Benoit sur les postes qui demandaient des petites recherches avant achat. Ou plutôt, disons que les choses se sont faites naturellement. J’ai recherché l’équipement de cuisine, il a recherché le matériel photo.
Depuis que je fais de la randonnée et du camping, j’ai réalisé que le moment du repas mais aussi la qualité des mets cuisinés revêtaient pour moi une grande importance. Véritable remonteur de moral, j’ai besoin que mes repas me fassent plaisir (ça c’est vrai tout le temps), en plus de me nourrir suffisamment pour couvrir l’effort fourni ou à fournir. Les exigences personnelles dans le contexte du voyage et/ou du camping (dans le cas présent ils étaient combinés) sont évidemment moins grandes qu’avec une cuisine fixe et après tout, cela fait partie du jeu, mais depuis quelques années, je fais mon maximum pour que le goût et la fraîcheur soient au rendez-vous. J’ai remarqué que c’était le meilleur moyen pour garder la motivation et ne pas succomber régulièrement pour la facilité du restaurant, qui rime souvent avec gras, cher, et plus ou moins transformé (en tout cas, en Nouvelle-Zélande) ou juste insuffisant. Une salade de chou kale et de grenade est une fantastique option saine et pleine de vitamines, mais après 80 kilomètres de vélo, on veut MANGER.
Une expérience du passé
En 2015, nous sommes partis au mois de septembre en Corse pour 5 jours de randonnée sur le sentier Mare et Monti au sud de l’île. À cette occasion, nous avions décidé de tester quelques repas lyophilisés, par curiosité et pour savoir si cela pourrait nous convenir pour de prochains périples. L’argument du poids était non négligeable. En effet, lorsque l’on porte tout son paquetage sur le dos, cet élément se trouve rapidement au centre de la décision, beaucoup plus qu’en vélo d’ailleurs, mais j’y reviendrais dans la Partie 2.
Nous avions pris un repas chacun, le mien était un riz au poulet sauce aigre-douce. Vous pouvez grimacer dès à présent, oui, c’était immonde. Je me suis retrouvée avec un mélange ultra-sucré, sans aucune saveur ayant l’intention d’être naturelle, le tout pâteux bien comme il faut. Ce repas m’avait foutu le cafard. J’avais fini mon sachet pour ne pas gâcher mais en ayant la sensation d’avoir encore faim une fois fini et en rêvant déjà du petit déjeuner le lendemain.
Cet échec cuisant m’a totalement vaccinée des repas lyophilisés. N’ayant pas pour objectif de gravir des sommets en totale autonomie pour le moment, j’ai décidé depuis lors qu’il était possible de bien manger en voyage sans passer par la case bouillie moche et dégeu ou le resto tous les jours. Ce qui, pour la dernière option, n’est matériellement pas possible lorsque l’on atteint des coins reculés, et que l’on choisit ses campings pour être justement éloignés de la civilisation.
Les éléments de bases d’une cuisine satisfaisante en voyage
Ainsi donc, je cherche à bien manger, dans la vie en général, mais en voyage aussi. Pour cela, quelques points semblent essentiels pour atteindre cet objectif sans créer une usine à gaz.
Du frais
Entendez par là, des légumes et fruits frais. Durant nos courses dans les magasins sur place, on a fait bien sûr le plein de pâtes, de riz cuisson rapide, de purée en flocons éventuellement. Mais on a toujours systématiquement ajouté dans notre panier des fruits et légumes qui se cuisine bien et vite : champignons, asperges, brocoli, épinards frais, carottes, courgettes, etc. Selon le produit, vous pourrez sans trop de difficultés le conserver sur plusieurs jours, tandis que les plus fragiles seront mangés au premier repas à suivre. Bien sûr, le cru a aussi toute sa place : tomates, concombres, avocats. Ici, nous avons eu la chance de trouver des avocats originaires de Nouvelle-Zélande, on ne s’est donc pas privé et en avons fait une consommation régulière pour ne pas dire quotidienne ! Les fruits les plus consommés ici furent : la banane (sans surprise), le kiwi jaune et les bleuets. Tous tiennent facilement entre 2 à 3 jours pour peu qu’on en prenne soin.
Huile, ail, oignon
Cela pourra paraître superflu pour certains, mais ces trois éléments vous sauvent n’importe quel plat de pâtes si vous n’avez plus rien d’autre sous la main ! L’ail et l’oignon durent longtemps (un oignon moyen fait jusqu’à 4 repas) pour un encombrement et un poids minimal. Et pour l’odeur, un sachet ou une petite boîte hermétique fera l’affaire. Dans ce petit sachet, j’avais aussi glissé un petit bout de gingembre et de curcuma. L’huile est un produit un peu plus compliqué, souvent vendu dans un contenant en verre, vraiment pas l’idéal pour le transport. Pour résoudre ce problème, deux options : trouver un petit bidon en métal avec bouchon rétractable ou transvaser son huile dans une bouteille plastique à bouchon sportif. Et si vous n’êtes pas sûrs de l’utilité de l’huile, souvenez-vous que le gras, c’est la vie. Sans rire, après une petite poêlée de champignons à l’ail et à l’huile d’olive, vous ne vous poserez plus la question.
Assaisonnements
Le sel et le poivre sont la base, mais avoir avec soi quelques épices bien parfumantes en plus, ça aide à créer de sacrés tableaux culinaires au dessus du réchaud ! J’avais pris avec moi, dans des petits ziploc de 5cm sur 10 : deux noix de muscade et leur petite râpe, environ 10g d’un excellent curry, et 10g d’estragon séché. Vous pouvez ajouter dans le lot, si vous en avez l’envie, des cubes de bouillons de légumes. Ils peuvent servir à une base de soupe aux légumineuses (si vous avez accès à une cuisine), ou à arranger l’eau des pâtes ou du riz. Finalement, je m’en serais assez peu servi durant le voyage ici, mais je pense que ça reste une bonne aide pour apporter du goût. Et pour le cru, c’est à dire, le midi où on a souvent besoin d’aller un peu plus vite, on a parié sur un tube de moutarde (étalée en fine couche sur une des tranches du sandwich) et on s’est dit merci presque à chaque fois ! Parce que l’avocat c’est vraiment bon, mais il faut relever un peu ce beau gras vert pour l’apprécier à sa juste valeur.
Herbes
Le sec peut suffire, certes. Mais une botte de basilic ou de coriandre ou de persil frais, ça apporte tellement de pétillant et de balance dans une salade, dans un plat ou un sandwich (!) que l’investissement vaut le coup. Ça peut être un peu compliqué à faire tenir mais on s’en sort si on accepte un peu de flétri sur le palais.
Pimpez les préparations toutes faites !
Oui, c’est le mal, mais parfois ça fait du bien de ne pas avoir grand chose à faire d’autre que mettre de l’eau à bouillir pour préparer, au hasard… des nouilles instantanées ! Mais pour ne pas se faire complètement mener par des saveurs artificielles, ajoutez des haricots verts coupés en morceaux et une gousse d’ail dans l’eau de cuisson par exemple (et allonger de 5 minutes le temps d’ébullition avant de mettre les nouilles), ça redonne de la fraîcheur et de la saveur à ce grand classique du pas cher et très transformé. Dans le même esprit, créez la meilleure sauce tomate du monde en achetant une boîte de tomates concassées que vous ferez réchauffer en ayant pris soin de faire suer un quart d’oignon dans votre casserole avant, et en ajoutant une petite courgette coupée en rondelles. Tout cela versé sur des pâtes et quelques morceaux de fromage plus tard, vous serez tout sourire. De manière générale, ajouter du frais et/ou un aliment goûteux et frais comme oignon/ail/herbe dans une base toute prête, c’est toujours une bonne idée.
Variez !
Ça a été l’un des points faibles, selon moi, du séjour. Au bout du 15000ème sandwich pain de mie-avocat-fromage-moutarde, je dois reconnaître que j’en avais marre. Il est facile de tourner autour des mêmes ingrédients une fois qu’on les connaît et qu’on a trouvé une façon pratique de les manger. Mais changer la manière dont on les prépare, en salade plutôt qu’en sandwich par exemple, en ajoutant un trait de citron ou des noix de votre mélange Énergie, ça change la vie. Et puis, y a pas que le riz et les pâtes dans la vie, y a le quinoa aussi. Et le boulgour.
Accéder à une vraie cuisine de temps en temps
On ne va pas se mentir, cuisiner au réchaud c’est plus simple et plus économique avec des aliments qui cuisent rapidement. Les pâtes sont pour cela de bonnes alliées (mais n’oubliez pas les légumes blanchis ! En bonne quantité et assortis de protéines, cela donne un plat rassasiant), mais pour pouvoir varier justement, avoir un peu plus de latitude sur le temps de cuisson, c’est bien utile. La plupart des Holiday parks en Nouvelle-Zélande donnent accès à une cuisine équipée.
Au fond ce qui est important dans le quotidien l’est tout autant en voyage : le goût et la variation apportent ce plaisir tant recherché. Les éléments utilisés seront plus simples et plus limités, mais ce n’est pas forcément un problème lorsque l’on y est préparé et tant que ce que l’on mange nous fait du bien. En acceptant les quelques contraintes que nous imposent le voyage à vélo, à savoir, la place et le poids essentiellement, et en composant avec les options disponibles, le contrat passé avec nos papilles est la plupart du temps rempli !